Est-ce grave de porter (encore) le même pantalon ?

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Récemment, j’ai fait un grand tri dans mon dressing. Et sans surprise, je me suis retrouvée avec moins de vêtements, moins de chaussures, moins d’accessoires.
Au début, c’était profondément libérateur. J’avais besoin d’espace, de calme, de faire le vide dans ce dressing qui m’obsédait, me submergeait parfois.

Mais très vite, un autre sentiment s’est glissé : l’ennui.

Devant cette garde-robe épurée, moi qui ai toujours aimé la mode, j’ai ressenti comme un vide. Je portais les mêmes pièces. Je tournais en rond. Je me suis surprise à enchaîner trois fois en dix jours le même pantalon. Et même si ce n’est pas grave du tout objectivement… je ne me sentais plus alignée.

Avant, c’était simple. Dès que je ne savais pas quoi porter, je passais une commande. Un petit tour sur Zara, une virée en boutique, et hop : une nouvelle tenue pour une nouvelle humeur. J’aimais ça. Le frisson du neuf.
Aujourd’hui, ce réflexe n’est plus là. J’ai réappris à vivre avec ce que j’ai, à composer, à mixer autrement. Et parfois… ça coince.

Et je me suis posé cette question : pourquoi ce malaise face à la répétition ? Pourquoi est-ce si difficile de porter les mêmes vêtements, comme si on n’en avait pas le droit ?

Ce sentiment n’est pas isolé. Une abonnée a récemment confié qu’elle ressentait une vraie gêne à l’idée de porter les mêmes tenues au travail ou en soirée. Que changer de vêtements, pour elle, était devenu un moyen de se sentir valorisée, vue, « suffisante ».
Et je crois que c’est le cas de beaucoup d’entre nous.

Reporter les mêmes vêtements = dévalorisant ?

Dans notre société, la répétition vestimentaire est mal perçue. Elle n’est pas valorisée, surtout chez les femmes. Les influenceuses changent de tenues à chaque post, les vidéos de haul font défiler les fringues à la chaîne, et porter deux fois la même robe en deux semaines semble presque suspect.

Et pourtant… le style n’est-il pas, justement, dans ce qu’on répète ? Ce qui nous ressemble au point qu’on le choisit encore et encore ?

J’ai repensé à une interview d’Olivier Saillard, historien de la mode, que j’ai trouvée lumineuse.

Lui qui a consacré sa vie à étudier des garde-robes extravagantes et somptueuses, vit avec une extrême simplicité : cinq pantalons identiques, quelques chemises bleues, quelques cravates vintage.
« Le matin, je n’y pense plus, c’est repos. »
Et il ajoute : « J’ai des pantalons bleus, je trouve, qui tombent mieux. »
Une manière de nous rappeler que même dans la répétition, il existe des nuances. Des préférences. Une forme d’élégance discrète, apaisée.

Ce témoignage m’a fait du bien. Il m’a rappelé que l’essentiel ne réside pas dans la nouveauté, mais dans la cohérence. Que porter toujours les mêmes vêtements, ce n’est pas renoncer à la mode ou au plaisir, c’est parfois choisir la paix.

Et si, finalement, s’ennuyer un peu dans sa garde-robe, c’était aussi la preuve qu’on a arrêté de chercher à combler autre chose à travers nos achats ?

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A très vite,

Charlotte