J’ai très peu connu ma mère.
Mes parents se sont séparés quand j’avais deux ans. Puis, elle est décédée quand j’en avais sept.
Mais je n’ai jamais manqué d’amour, vraiment : mon père et ma famille m’ont toujours offert un cocon protecteur. Avec ses faiblesses, ses traumas et ses fissures, mais un cocon quand même.
Il me manquait juste — je le sentais confusément — une douceur, celle qu’on ne réclame pas à voix haute. Une guidance, aussi, pour la petite fille que j’étais. Puis pour l’adolescente qui avançait à tâtons.
Le vrai manque, plus tard
C’est à l’âge adulte que le manque est revenu, plus conscient, plus tangible.
Comment être femme ?
Qu’est-ce que ça veut dire, concrètement ?
Est-ce que porter des vêtements tendances, avoir les bons cosmétiques, les sacs qu’il faut, suffit à définir une identité féminine ?
C’est ce que j’ai cru, longtemps.
J’ai cru que je pouvais construire ma féminité à coups d’achats. Que le shopping allait combler ce qu’on ne m’avait pas appris.
Et puis un jour, une autre question est venue, plus vertigineuse encore :
Comment être mère, quand on n’a pas eu de mère à qui se référer ?
Peut-on inventer sa propre maternité ? Est-ce que l’amour suffit ?
Devenir mère… sans avoir eu de modèle
Le jour où j’ai eu mon fils, quelque chose s’est déclenché instinctivement.
Je ne savais pas que je saurais aimer si fort, si vite, si totalement.
Je n’avais aucun mode d’emploi, aucun repère et pourtant, j’étais là, pleinement.
Il m’a appris à être mère, lui. Et il m’a aussi appris à désacraliser les objets. Ça a pris du temps, mais c’est enfin arrivé.
J’ai arrêté de remplir mon vide avec des paniers shopping et j’ai compris qu’il fallait que j’ouvre plus mon coeur.
Le lien mère-fille, mère-fils… et les objets
Comprendre son addiction au shopping, ce n’est pas seulement analyser ses habitudes ou fixer de nouvelles règles. C’est souvent entamer un vrai voyage intérieur. Un retour aux origines. Parce que derrière chaque désir d’acheter se cache, parfois, un besoin plus profond, un manque ancien, un fil tiré depuis l’enfance.
Dans mon cas, il y avait ce vide, laissé par l’absence d’une mère. Un silence sur ce que cela signifie d’être femme, sur les gestes, les repères, les transmissions douces et invisibles. Alors, j’ai cherché. J’ai appris à me façonner avec ce que je trouvais à portée de main : les vêtements, les cosmétiques, les accessoires. J’ai cru que je pouvais construire mon identité à travers ces objets. Qu’ils allaient me dire qui j’étais.
Et je sais que je ne suis pas la seule. Dans les témoignages que je reçois chaque semaine, ce fil revient souvent : celui du lien à la mère, ou de son absence. Ce qu’elle a transmis. Ce qu’on aurait voulu qu’elle transmette. Et ce que l’on a parfois tenté de recréer à travers une robe, un parfum, un sac, une routine skincare.
Aujourd’hui, j’avais simplement envie d’honorer tout cela. Les mères que nous avons eues. Celles que nous n’avons pas connues. Celles que nous sommes devenues, parfois à tâtons, souvent avec courage. Et toutes les filles que nous avons été un jour, qui ont grandi comme elles ont pu, en s’inventant des repères.
Alors en ce jour particulier, je vous souhaite une belle fête.
À toutes les mères, visibles ou invisibles.
À celles qu’on chérit, à celles qu’on cherche, à celles qu’on apprend à devenir.
Absence de mère ou mère absente, finalement j’ai toujours compensé en trouvant de l’amour dans les fringues , comme
Une
Récompense…
Merci pour ce partage si généreux et précieux.
Virginie
Merci pour ces mots qui trouvent un écho tout particulier en moi ❤️❤️❤️